La réussite n'est pas toujours là où l'on a l'attend
Jean-François Caujolle
50 ème joueur mondial pendant plusieurs années et meilleur tennisman français,.
Le nom « Caujolle » fait écho à ceux qui ont un jour rêvé d’échanger des balles à l’époque avec lui, Connors, Mc Enroe ou Vilas…
Pierre Jean G, me conseille de rencontrer Jean-Francois Caujolle, car je m’intéresse à des personnalités fortes, des parcours de vie denses, avec des choix et des réalisations de soi, qui répondent au titre « Ils trouvent un sens à leur vie ».
C'est ainsi que démarre mon entretien (j’ai vite été plongée dans le bain d’une personnalité trempée, un « ours » authentique, jouant entre provocation, cynisme de l’absurdité des conventions, simplicité et douceur) :
« Je ne suis pas à l’aise avec l’idée de « trouver un sens à ma vie » car le sens est plus intérieur que directionnel, je crois en l’auto-expérience, à trouver en soi-même ce que l’on est, d’accepter et d’affronter la personne que l’on est, car toute la richesse est à l’intérieur de soi...
J’avance aujourd’hui avec la simplicité et la vision de ce qui dépend de moi : qualités, travail, pouvoir d’achat et de ce qui ne dépend pas de moi : maladie…
Aujourd’hui je consacre ma vie à transmettre la recherche du bonheur, chaque jour, à mes filles. »
Nous dérivons sur ses lectures indiennes inspirées de Prajnanpad et notamment « De l’autre côté du désespoir » d’André Comte-Sponville
Je suis immédiatement inspirée par son regard sur sa vie, qu’il scinde en 3 phases.
Très jeune, l’appel du tennis lui fait embrasser une carrière de joueur professionnel international de haut vol. Il va s’offrir une existence différente de celle de ses parents : sport, reconnaissance médiatique, réussite rapide et voyages sur le circuit mondial.
Puis une vie « gesticulante » de business, de recherche matérielle avec la création et la réussite de l’Open 13, depuis presque 30 ans un tournoi majeur à Marseille,
Aujourd’hui une période où il a trouvé son Essentiel en famille, entre harmonie, amour, et simplicité.
Un parcours qui le fait réfléchir pourtant, à écrire sur la nécessaire destruction de l’égo, dans le cas des statuts médiatisés, pour construire sa vie.
TOUT DONNER POUR PASSER DU RÊVE À LA RÉALITÉ
Tout jeune, Jean-François joue seul contre un mur, il se raconte son histoire. Avec ses personnages, ses adversaires. Il vit son rêve dans sa passion.
Devenu joueur professionnel, il rencontre l’adversité, les contraintes, les jugements, la froideur.
Très vite, il est confronté à la distension entre qui il est et ce qu’il représente.
« Quand tu entres sur le central à Roland Garros, tu ne sais pas si le public va être avec ou contre toi… si tu n’es pas à 100 % sur ton objectif de réussir chaque point, tu tombes dans la complication de l’image et la fragilité mentale. »
Il considère aujourd’hui qu’il a « loupé » sa carrière sportive. Il explique qu'il n’était pas assez focalisé sur le « jeu professionnel. » Il sait qu'il n’a pas été au bout de ce qu’il aurait pu donner. Face aux défis, il se défilait et se déresponsabilisait, face aux défaites, il s’intéressait trop au regard de l’autre, à la culpabilité. Quand certains se perdent dans leur passion, lui a perdu quelques degrés de professionnalisme.
Il cite avec des étincelles dans les yeux Federer, Djokovic et Nadal qui réussissent car ils restent passionnés, perfectionnistes, travailleurs, et encore passionnés.
Un an de silence pour se re-trouver :
Il connait sa mue vers l’âge de 40 ans, avec un changement de vie familiale, le poids d’assumer une séparation et l’obligation de se questionner ;
Une année de mysticisme, à « naviguer », entre le bouddhisme et l’indouisme, avec ce qui les sépare, le détachement pour le premier, et la vie associée au monde actuel pour le second.
Solitude voulue pour aborder sa transition.
« LE SAGE»
À 42 ans, le déclic, il s’affranchit de l’éducation du « père », il casse l’appréhension, les codes familiaux, le politiquement correct, la culpabilité d’avoir à gérer l’égo du sportif de haut niveau, à cheval entre son image et lui-même.
Son père avait une vision « traditionnelle » du travail et des valeurs, avec une vie matérielle éloignée de celle de son fils. Il oscillait entre la tendresse et la difficulté à l’exprimer, qui le poussaient à juger les résultats sportifs, avant l’homme, en tant que joueur, puis le fils qu’il était.
Jean-François, ose alors casser le lien de dépendance. Il touche le détachement, qui permettra d’accéder progressivement à l’acceptation de lui-même.
À 45 ans, mon entourage a commencé à m’appeler le « sage »,
Je sais maintenant ce que je veux, je ne manque pas d’humilité, je me connais»
Il cite avec tendresse Marius dans le film de Pagnol qui a la capacité de voyager à l’intérieur de lui-même : « je voyage beaucoup, j’achète des tickets, je m’assoie, je regarde le train partir »….
Aujourd’hui il ne veut plus s’attacher à rien, il collectionne pourtant des objets liés à la mort notamment des crânes, avec un sens philosophique sur la vanité des choses et du temps qui passe.
Il est passionné des Stoïciens, cite Sénèque, pour la quintessence de recherche de la sagesse.
Il est tourné vers la transmission, a réussi en créant sa société qui permet à sa garde rapprochée de travailler mélodieusement avec sa femme, ses filles, son ex-femme… Il s’est retiré « de la vitrine », délègue les relations publiques, l’opérationnel, il reste motivé par le défi et le challenge.
À 64 ans, Jean-François Caujolle est heureux, en patriarche, il conjugue la pression et les risques pour son clan. Mais il est dans l’essentiel, le vrai, après avoir accepté ses qualités, ses défauts, ses déviations.
Avec sa femme Malika, ils conjuguent et croient en l'équanimité où chacun cherche à apprécier et accueillir de l’autre, ce qui lui manque à lui.
SA MISSION
Jean-François Caujolle a fait un long chemin, il a touché la vérité de la vie, l’émotion et le partage.
Il voudrait vivre 120 ans pour voir ses filles grandir.
Ses mots pour elles sont "l’harmonie, l’espoir, le bonheur, jamais la notoriété, la flambe, la reconnaissance…
30 ans de moins, pour pouvoir profiter encore, pour avoir le temps de découvrir des choses, pas forcément des gens.
« Le sage » ne croit en rien, il n’attend rien des gens, ce qui n’a pas toujours été, avec sa carrière sportive :
Il pense écrire pour accompagner la transformation de futurs grands joueurs. Sur la fluidité, le détachement, la destruction de l’égo, pour trouver l’alignement et se créer une vie authentique et intense.
By Sandra Blanc Mesnel, Dreamaker
Agence des RÊVES